Couvent et église des Carmes

Localisation :

Tours, 18 rue de la Paix

Dates :

État du batiment :

Partiellement conservé

Ancienne église du couvent des Carmes, aujourd’hui connue sous le vocable de Saint-Saturnin.
Crédits : Photo © Léa Dupuis

L’ordre du Carmel est un ordre religieux contemplatif dont la vie tourne autour de la prière et la méditation. Il tient son nom du Mont Carmel en Palestine où des ermites se regroupèrent pour suivre l’exemple du prophète Élie. Au début du XIIIe siècle, les premiers Carmes arrivèrent en Europe et fondèrent les premiers couvents [Davy, Universalis]

 

L’implantation du couvent

À Tours, leur installation se fit en deux temps. Tout d’abord, l’ordre prit ses quartiers en dehors de la cité, entre la chapelle Sainte-Anne et le site du Plessis-lès-Tours, à la fin du XIIIe siècle. Ce n’est que quelques années plus tard, vers 1324, que les religieux s’implantent au sein de la ville, près de Châteauneuf après l’achat d’un terrain auprès de Renaud Gastineau. Vingt ans plus tard, l’église et le cimetière sont consacrés [Mabire La Caille, 1981, p. 39].

 

Un patronage prestigieux

L’ordre prend une nouvelle dimension grâce à Louis XI, qui, en 1470, fait un don de 1200 livres pour la construction d’une église et d’un couvent. Plusieurs grands personnages de la cour, dont le maréchal de Gié et Jean de Bueil, amiral de France, suivirent l’exemple de leur souverain et participèrent ainsi à l’édification du couvent. En signe de reconnaissance, les armes de ces bienfaiteurs apparaissent sur la grande verrière du Chevet de l’église. Ce vitrail illustrant la Vie de la Vierge est un présent d’Arthur de Montauban, archevêque de Bordeaux qui avait commandé cette œuvre en mars 1473 à Jean de Paris. Après trois ans de travail, la verrière fut installée le 1er juillet 1476. L’église fut consacrée sous le vocable des « Trois Maries » [Mabire La Caille, 1981, p. 41-44].

L’année suivante, le couvent fit aménager des jardins réservés aux religieux et bâtir de nouveaux bâtiments et un cloître situé au nord de l’église à l’emplacement de l’ancien cimetière. L’église fut quant à elle édifiée à la place de l’église primitive de 1344. Elle se composait d’une Nef et d’un Collatéral au sud, les deux espaces communiquant par sept arcades en arc brisé. Le chevet plat était orné des vitraux de Jean de Paris. Plusieurs contrats furent passés avec des artisans tourangeaux pour la construction du couvent. En 1479, est engagé le maçon Thomas Moulin, puis en 1481, le charpentier Jean Levasseur [Mabire La Caille, 1981, p. 44].

Le don de 1200 livres n’est pas la seule libéralité de Louis XI dont le couvent bénéficia. Le roi avait en effet confié à Jean Briçonnet, alors bailli de Tours, le soin d’acheter les terres de La Hardonnière à Neuvy-le-Roi à destination du couvent en 1473 [Oury, 1911, p. 319].

 

Difficultés et disparition

Le couvent ne fut pas épargné par les Protestants qui ravagèrent le site en 1562. L’introduction progressive de la Réforme au sein de l’ordre dans la première moitié du XVIIe siècle coïncide avec un regain de popularité du couvent. Cependant, cette prospérité ne dure pas et un siècle plus tard, les difficultés financières s’amoncellent et les religieux se font rares  [Mabire La Caille, 1981, p. 44].

Comme tous les couvents de la ville, les lieux furent mis en vente comme biens nationaux en 1791. Il fut procédé à la démolition des bâtiments conventuels. Le cloître subit le même sort. Une place fut aménagée et des maisons construites à la place. L’église fut conservée et transformée en grange mais la grande verrière fut démolie [Mabire La Caille, 1981, p. 44].

Un nouveau propriétaire rendit l’église au culte en 1824 avec pour condition que l’église prit le vocable de Saint-Saturnin et non plus celui de Notre-Dame-de-Pitié [Oury, 1911, p. 319].

 

Bibliographie

Davy M.-M.,  « CARMEL », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 17 septembre 2021.
Mabire La Caille Claire, « Évolution des enclos conventuels des mendiants à Tours (XIIIe-XVIIIe s.) », dans Recueil d’études, Tours, Laboratoire d’archéologie urbaine, 1981, p. 39-52 (Recherches sur Tours, 1).
Oury, « Le couvent des Carmes à Tours », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 18, 1911, p. 311-332.


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